15 juin 2012

Le témoignage poignant d'une mère




Voici des extraits d’un discours donné lors de l’inauguration du Béthel en France, en 1997 :

"Nous vivons aujourd’hui un monde très dur et de nombreux frères sont déprimés. Et un grand nombre de nos frères avouent être très fatigués en ces jours. Ils disent même être épuisés. Beaucoup vivent leur vie comme si Dieu était là debout près d’eux avec un fouet et exigeait chaque petite part de leur énergie qui leur reste... Pourquoi penser de cette façon?... Si nous nous tournons vers Jéhovah avec foi par l’intermédiaire de Jésus pour demander pardon pour nos manquements, il est certain que Jéhovah est satisfait de nous. Il est satisfait de vous et il est satisfait de moi, simplement comme nous sommes."

Nous avons fait partie de ces frères épuisés. Le monde est dur, c’est incontestable, mais les blessures les plus profondes, les plus douloureuses ne proviennent pas du monde : elles sont générées par les sentiments d’indignité, de culpabilité, dus à cette image d’un "Dieu impitoyable qui exige de chacun jusqu’à la dernière part d’énergie qui lui reste" souvent mise en avant par l’Organisation elle-même. Est-il honnête de poser la question : "pourquoi penser de cette façon ?" quand mois après mois, année après année, des sujets culpabilisants, faisant ressortir que nous n’en faisions jamais assez, qu’il était égoïste de ne pas donner tout son temps au service de Jéhovah, que si nous manquions une réunion sans raison valable (la fatigue n’en étant pas une), nous péchions, nous manquions d’amour envers notre Créateur ?
Des exemples de proclamateurs fidèles à imiter étaient régulièrement cités : certains, dans des contrées hostiles, bravaient lions et fleuves en crue pour assister à une étude de livre ; d’autres enduraient les mauvais traitements, l’emprisonnement pour s’être réunis. Un périodique a relaté, il y a quelques années, le témoignage d’une sœur pionnière, mère de huit enfants, et dont le conjoint, également pionnier, effectuait de longs séjours en prison dans un pays d’Afrique. Ce témoignage laisse perplexe : après chaque libération du mari, un bébé naissait et la sœur se retrouvait bien vite seule pour assumer sa situation : ce couple de missionnaires était-il vraiment un exemple ? Puisqu’ils les avaient mis au monde, la première mission de ces parents n’était-elle pas de rester à leur coté pour prendre soin d’eux ? (dans ce cas précis, les ainés prenaient en charge les plus jeunes pour que leurs parents puissent continuer leur "œuvre". Certains de ces enfants se sont par la suite détournés de la "Vérité"). Nous avons du mal dans ce témoignage (comme dans d’autres presque similaires) à voir un exemple de foi. Toute personne "raisonnable" y verrait plutôt du fanatisme. Il y a eu bien d’autres témoignages cités du même acabit. Comment s’étonner ensuite que beaucoup de frères, vivant dans des pays favorisés, ne se sentent pas coupables, indignes, s’ils ne donnent pas jusqu’à "la dernière part d’énergie qui leur reste" ? Nous avons nous-mêmes ressenti cela.

Ayant connu la "Vérité" en 1978, nous avons vécu jusque dans les années 90 un rythme insoutenable : réunions un soir de la semaine sur deux, les autres soirées étant consacrées à la préparation de celles-ci, aux études personnelles, parfois à la prédication. Samedi matin : prédication, samedi après-midi : prédication ; dimanche matin : prédication, dimanche après-midi : réunion (de 15 h à 17 h), vers 18 heures : enfin relaxe ! A cela se rajoutaient le travail profane et l’entretien de la vie quotidienne. C’était l’emploi du temps type d’un "chrétien authentique", véritablement spirituel, prôné par la Société. Si nous y dérogions, nous ne profitions pas pour autant du temps que nous nous accordions tellement nous nous sentions coupables et angoissés de ne pas faire tout ce que nous pouvions pour le Service. Pensez-vous qu’une personne, qu’un couple, qu’une famille, puissent s’épanouir dans de telles conditions ? Peut-on s’étonner que certains aient sombré dans la dépression, que des familles se soient déchirées, que des jeunes se soient éloignés ? Par la suite, il nous a été recommandé de nous consacrer du temps les uns aux autres, d’être présents pour nos proches, d’apprendre à écouter, communiquer avec son conjoint, ses enfants, se distraire ensemble... Comme cela paraît hypocrite ! Ce que nous entendions alors : "les jours sont écourtés", "ne vivons plus pour nous-mêmes", "les temps sont urgents : il faut saisir toute occasion pour prêcher, des vies en dépendent", "ce n’est pas le moment de vivre normalement..." etc. Comment se détendre si l’on prenait à cœur ces discours ? Il nous aurait fallu des journées de 48 heures !

Nous n’avions même plus assez de temps pour être intimes dans nos foyers : toujours sous pression, être prêts pour les réunions, la prédication. En prédication, même les conjoints étaient séparés, envoyés dans des territoires différents (question de véhicules disponibles ; ne pas prendre l’habitude d’être toujours ensemble : savoir prêcher avec tous les autres proclamateurs). Qu’un couple prêche ensemble, c’était une concession, un privilège, pas toujours accordé d’ailleurs... Ce n’est pas sans amertume que nous faisons le constat aujourd’hui que jusqu’à notre vie de couple dans ses débuts (nous avons connu la "Vérité" à 18 et 24 ans et étions au tout début de notre relation) nous a été confisqué ; si nous l’avons accepté, non sans souffrance, c’est que nous étions alors très idéalistes et pensions qu’une cause plus grande, celle de Dieu, méritait que l’on fasse des sacrifices. Nous étions loin d’imaginer à ce moment à quel degré de souffrances et de désespoir cela allait nous mener.

Avec le recul, nous réalisons que nous n’avons eu qu’assez peu de moments où nous étions réellement ensemble, avec nos enfants ; ils ont pu nous dire qu’ils ne nous sentaient pas présents, qu’il leur semblait que le temps passé à la Salle du Royaume ou à d’autres activités chrétiennes nous importait plus que de rester avec eux, de jouer, d’avoir des activités récréatives avec eux. Mais quel temps nous restait-il pour en avoir ? Cela est très douloureux de penser à leurs jeunes années et aux manquements que nous avons eus à leur égard et cela parce que nous pensions (la Société accentuait le fait que les parents étaient entièrement responsables de leurs enfants, que leur sort dépendait de la spiritualité de ceux-ci) que leur survie dépendait de nous, de notre spiritualité. Quelle folie ! Quel gâchis ! Nous les avons amenés à penser que la foi séparait les êtres chers, que Dieu exigeait un amour sans partage. C’est en pleurant que nous nous les remémorons, le soir, au moment du coucher, nous demander avec angoisse : "est-ce que tu aimes Dieu plus que moi ?", "s’il te fallait choisir entre Lui et moi, qui choisirais-tu ?". Un enfant n’a pas à assumer cela, ni à se sentir coupable si ses parents préféraient manquer une réunion pour rester avec eux. C’est pourtant comme cela que tout s’est passé et nous en avons (ils en ont) encore des séquelles. Les avons-nous dégoûtés de la foi, de la spiritualité à tout jamais ?

Pourtant, si on en croit le discours précité :

"La plus grande force dans l’univers est l’amour, parce que Dieu est amour. Et l’amour est sa qualité dominante. Si nous vivons avec amour, notre vie sera heureuse et digne d’être vécue. Dans notre recueil de cantiques, nous avons un chant intitulé "la voie excellente de l’amour". Il nous encourage à vivre dans cette excellente voie qu’est l’amour, à ce que l’amour pour Dieu et notre prochain motive chacun de nos actes et de nos paroles. Ce cantique dit que si nous avons la foi, les dons des langues et des prophéties mais que nous n’avons pas l’amour, nous ne sommes absolument rien."

C’est bien là que pour nous était l’essentiel : être réceptif à tant d’amour, se rapprocher toujours plus de Dieu et à travers sa connaissance (et par notre reconnaissance envers Lui), refléter les fruits de Son Esprit ; qu’ils soient témoignages à sa grandeur parmi le monde. Cependant, combien de conférences, de publications, ressemblaient en fait à un mode d’emploi pour parvenir à la "Vie éternelle", une énumération des conditions requises pour bénéficier de la clémence divine lors de son intervention sur terre. Nombreux sont les écrits sur le thème "comment vivre éternellement sur une terre transformée en paradis", combien de fois nous a-t-il été rabâché : "si nous désirons vivre éternellement...", "si nous ne voulons pas périr avec ce monde...", "des millions d’humains actuellement vivants ne connaîtront jamais la mort...". Si bien qu’à la longue, le sentiment prédominant était qu’il fallait s’efforcer de satisfaire Dieu afin d’échapper à la destruction imminente et obtenir l’ultime récompense : la vie éternelle. D’un côté, la crainte non pas salutaire, mais morbide d’un Dieu "père fouettard" à qui n’échappe aucune de nos fautes, et de l’autre la perspective, finalement égoïste, de fuir les tourments de ce monde et de vivre dans la béatitude à jamais.

Cela ressortait dans l’attitude de nombreux frères, ainsi que dans les conversations : être épargnés lors de la "grande tribulation"et se retrouver en "paix sous sa vigne et son figuier" semblaient être pour la plupart le mobile essentiel. Faire connaître les qualités de Dieu, son amour pour les hommes, se réjouir dans les fruits de Son Esprit devenaient secondaires. Nous avons été exhortés à avoir entre nous des propos spirituels (profanes le moins possible) : cela a été entendu. La teneur de ces propos "spirituels" : le talent d’élocution de tel ou tel frère, les faits ou gestes de tel ou tel itinérant, les louanges de la Société, le nombre de périodiques placés ou de visites effectuées... En réalité, parler du mode de fonctionnement de l’Organisation semblait refléter une "haute spiritualité". Nous avons toujours été étonnés que Dieu paraisse absent de ces conversations : nous aurions pu passer du temps à méditer ensemble sur ses qualités, son amour par dessus tout, mais se rappeler les uns aux autres qu’Il était aussi le "Dieu Heureux", dispensateur de joie, de paix...

En dehors de réunions ou de sujets d’étude précis, nous n’avons eu que très rarement, et encore avec quelques-uns seulement de tels partages en privé. Mais ce n’est pas étonnant : le climat et les enseignements dispensés n’y étaient pas propices. Bien peu de discours étaient réellement encourageants et réconfortants, les thèmes récurrents étant : "soyons prêts pour le jour de Jéhovah", "que faut-il faire pour espérer vivre éternellement ?", "évitons tout esprit d’indépendance", "respectons l’autorité"(en particulier : "soyons soumis en tout à l’Organisation, ne murmurons pas contre elle"), "faisons bon usage du temps qui reste", "veillons à nos fréquentations"... En comparaison, les sujets sur l’amour de Dieu, Lui qui en est pourtant la personnification et la source, n’étaient pas très fréquents. Justement, comme les temps sont durs, nous aurions dû être inondés de tels messages : "Dieu est Amour", "à l’amour il n’y a pas de loi", "tout passe mais l’amour demeure à jamais ; il est le plus grand des fruits de l’Esprit", "l’amour couvre une multitude de péchés"... Cela nous aurait permis de pouvoir nous décharger en toute confiance de nos fardeaux sur Jéhovah ; nous aurions pu croire pleinement en ces paroles : "Dieu est plus grand que votre cœur, même si celui-ci vient à vous condamner, Dieu vous garde son amour".

Nous avions besoin de douceur, de réconfort, pas seulement nous, mais beaucoup de frères autour de nous qui souffrent pour les mêmes raisons que nous mais n’osent s’épancher qu’en privé tant il leur paraît impossible d’être compris en "haut-lieu". C’est l’amour du Créateur à notre égard et le nôtre en réponse qui devrait porter chaque chrétien. Mais c’est le contraire qui s’est produit : à l’amour qui nous donnait des ailes s’est substitué un sentiment de culpabilité permanent, d’indignité : nous n’en faisions jamais assez ! De plus, avec un sentiment d’urgence à rendre fou le plus équilibré d’entre nous. On ne peut pas aimer un tel Dieu. Nous étions sincères (et pensons l’être aujourd’hui encore), nous voulions garder un cœur pur, un cœur "complet", malgré tout ce qui nous troublait : "que ton cœur ne s’arrête pas sur le mal". Nous refusions de nous laisser entraver par l’imperfection humaine, l’"arbre qui cache la forêt" (Dieu est plus grand que nous, que nos erreurs, continuons à lui faire confiance, tout s’éclaircira en temps voulu, tout se réparera...) jusqu’à abdiquer notre raison, notre esprit critique. Mais on ne peut pas passer sur tout, et se mentir indéfiniment à soi-même, les "yeux du cœur" voient malgré tout et la volonté est impuissante à les rendre aveugles.

Nous avons parfois douté de telle ou telle explication donnée d’un passage biblique, choqués par des interprétations et des applications qui nous paraissaient "tirées par les cheveux" ; certaines d’entre elles ont été revues, mais sur le moment, elles sont présentées comme indiscutables, voire inspirées puisque venant de "l’Esclave fidèle et avisé". Vous savez bien que, même si le contraire est affirmé au "monde", il ne nous est pas permis de douter, que le doute est le plus souvent regardé comme un manque de confiance en Dieu, en son Organisation, qu’il est signe de faiblesse spirituelle et s’il persiste, bien que sincère, il est systématiquement mis sur le compte d’une défaillance personnelle... Il se trouve que dans notre cas, du moins les premières années (environ 10 ans tout de même !), nous étions "remplis de zèle", préparions assidûment les réunions, faisions des recherches personnelles... Paradoxalement, plus nous "avancions dans la connaissance", plus nous nous sentions découragés, et même troublés dans notre conscience : nous n’avions pas la certitude que Dieu voyait les choses comme la Société nous les présentait. Bien des points, des passages bibliques restent obscurs, voire contradictoires et reçoivent pourtant des explications fournies qui ne tiennent compte ni de la réalité historique, ni de l’environnement culturel dans lesquels certains événements se sont déroulés, ce qui contribue à donner de Dieu une image qui certainement ne lui correspond en rien.

Si les hommes ont été dans le passé, et aujourd’hui encore, cruels, barbares, on ne peut être sain d’esprit et croire que Dieu leur ressemble ou leur ordonne, même pour la glorification de sa souveraineté, d’agir en Son Nom, de manière aussi révoltante. Une personne sincère préfèrera certainement mourir qu’adorer un Dieu vindicatif et cruel. L’amour est plus fort que la mort ; vivre dans une crainte perpétuelle tue pourtant l’amour. Il paraît impossible d’aimer Dieu tel qu’Il est souvent décrit dans les Écritures Hébraïques, guerrier, vengeur, semblant presque animé de sentiments contradictoires. Sur un sujet pareil, il y aurait des livres à écrire ! Ce n’est pas le but de cette lettre. Simplement, pourquoi s’obstiner à vouloir tout expliquer, tout éclaircir si l’on n’a pas tous les éléments de compréhension pour le faire ? Pourquoi continuer à prendre toute Écriture au pied de la lettre quitte à en détourner le sens profond et à s’éloigner de Dieu ? Pour ce qui est de nous, nous préférons nous en tenir à cette idée que "Dieu seul est véridique, tout homme pouvant être trouvé menteur" (ou dans l’erreur) fut-il un rédacteur biblique ou un commentateur "autorisé" de la Parole de Dieu. Pour nous, il a toujours été plus important d’intégrer la notion d’un Dieu qui n’agit que par amour (cela rassure en tout, guide toutes nos actions, procure la joie véritable...) que de conjecturer sur des évènements passés obscurs ou sur les temps à venir...

Nous étions troublés par un certain manque de cœur ("méfions-nous d’une sentimentalité déplacée!"), l’impression que la forme prenait le pas sur le fond, que le souci d’efficacité évinçait l’amour et la considération pour notre prochain, que la spiritualité, l’élan vers Dieu s’en trouvaient réduits. Nous ne ressentions plus la joie du commencement, nous étions de moins en moins vivants! Si encore nous avions été anesthésiés ! Mais non, les enseignements que nous recevions à travers les réunions, les périodiques faisaient peser sur nous une pression toujours plus grande : "les temps sont urgents", "le danger est partout autour de nous : Satan nous guette, il est rusé ; il sait comment prendre dans ses filets le faible et l’égaré", "Surtout ne pas s’éloigner, ne pas quitter le navire, perdition assurée" !

"Pour atteindre la vraie maturité, les gens nés dans le péché que nous sommes ont besoin de temps pour grandir, pour vivre, ce qui signifie se tromper, faire des fautes ; du temps pour penser par soi-même, du temps pour ne pas être d’accord, du temps pour commettre des erreurs, et pourtant être des chrétiens dans la Maison de Dieu. Nous devons apprendre, au travers de l’amour de Dieu, à tolérer les erreurs les uns des autres. Évidemment pas des pratiques méchantes et volontaires, mais ces erreurs nées du péché."

Ces lignes du discours mentionné plus haut n’auraient-elles été écrites que pour donner un témoignage positif aux gens de l’extérieur ? En tout cas, elles sont inapplicables à l’intérieur de la congrégation.

Un temps nous avons pensé que, tombés dans une sorte de Pharisianisme, Dieu nous redressait et que les attaques du "monde" à notre encontre nous donnaient l’occasion de nous examiner et de nous purifier, nous feraient prendre conscience de la nécessité de nous "élargir dans l’amour" envers ceux qui étaient nos proches dans la congrégation, mais aussi envers ceux qui étaient à l’extérieur. Posons-nous la question : comment sommes-nous perçus par le "monde" ? Comme des personnes raisonnables, ayant pour trait caractéristique l’amour du prochain ? Dit-on des Témoins de Jéhovah : "comme ils sont bons, généreux, désintéressés !" ?

Non, ce que la plupart des gens ont retenu de nous c’est : "ils préfèrent mourir et laisser mourir leurs enfants plutôt que d’accepter du sang", "ils prêchent la fin du monde", "ils ne font aucune fête", "ils ont un mode de vie très strict", "ils sont repliés sur eux-mêmes", "on ne peut pas discuter avec eux, ils ont toujours raison"... Quelle image avons-nous donc donnée ? Les gens disent-ils cela sans raison, parce qu’ils sont désinformés ? On peut toujours le prétendre : il est facile d’argumenter que Satan les aveugle, que nous devons nous attendre à être persécutés... ou encore que l’attitude de quelques-uns a jeté de l’ombre sur l’Organisation... Pourtant cela donne à réfléchir, et devrait nous alerter. Il serait temps de nous demander si Dieu bénit vraiment toutes nos façons d’être et de faire, si nos comportements à l’intérieur comme à l’extérieur de la congrégation Lui rendent véritablement hommage. Nous avons souvent utilisé ce vocable : "la Connaissance Exacte". Pourtant, Jésus n’a-t-il pas dit : "c’est à l’amour que vous avez entre vous que l’on saura que vous êtes mes disciples" ou encore : "c’est aux fruits que l’on reconnaît l’arbre" ? Et non : "c’est à votre connaissance exacte que vous serez identifiés" ni "à votre capacité de comprendre les Écritures, d’interpréter les prophéties...".

Nous avons beaucoup espéré ; parfois quelques signes nous réconfortaient : certains articles d’étude mettaient en évidence l’esprit de la loi et non l’application de la loi à la lettre, mettaient en valeur telle ou telle qualité divine, soulignaient en quelques mots des pensées profondes et stimulantes. Cependant, le formalisme et les pressions ont toujours repris le dessus. Nous avons le sentiment, ayant pris du recul, que ces articles réconfortants ne sont en réalité que le baume destiné à atténuer la douleur des coups qui vont suivre. Sommes-nous devenus paranoïaques ? Nous avons même imaginé que cela pouvait être une forme de manipulation pour nous rendre plus efficaces, nous pousser à l’action alors que nous nous refroidissions : la carotte pour nous faire avancer (ou pour que nous ne nous rendions pas compte, que notre esprit critique ne fasse pas trop des siennes...), et puis le bâton... car il nous faut toujours continuer à entendre et à lire : "que ton œil ne s’apitoie pas", "la colère de Jéhovah sera terrible, n’épargnera que les authentiques chrétiens", "les méchants (sous-entendus tous ceux qui ne sont pas des témoins de Jéhovah voués et baptisés ainsi que leurs enfants) deviendront comme du fumier à la surface du sol...".

Il faut continuer à voir et à diffuser des ouvrages comportant des illustrations déconcertantes : par exemple, nos enfants ont été fortement choqués par l’illustration du déluge dans le livre Recueil d’Histoires Bibliques ou l’on peut voir une jeune mère et son bébé recroquevillés sur un rocher, attendant la mort (sans espoir de résurrection). Nos enfants ne sont d’ailleurs pas les seuls : nous avons connu un ancien dont la petite fille était tellement angoissée par cette illustration, qui pour la rassurer lui disait : "mais non, ces enfants, ces bébés ne vont pas mourir, ils vont seulement être malades et vite guérir...". Idem pour tous les autres discours ou images de destruction divine. Respectons-nous la sensibilité des enfants ? Ne sont-ils pas souvent amenés à entendre lors des réunions des propos qui ne sont pas de leur âge, qui les heurtent ? Il y aurait énormément à dire à ce propos... Si les enfants eux-mêmes ne parviennent pas à intégrer l’idée d’un Dieu d’amour qui le moment venu de son courroux ne s’apitoie sur personne (parce qu’Il doit se montrer juste ???), quelle perversité conduit les adultes à prendre toute Écriture au pied de la lettre (aucune considération pour les enfants, les innocents, ils seront détruits : c’est de la faute à leurs parents ; ils ont sans doute eu le malheur de naître lors d’"une époque de jugement"), à diffuser des images choquantes d’un côté et de l’autre à présenter Dieu comme un père aimant qui prend son enfant par la main pour le guider ? Nous avons beaucoup souffert : troublés dans notre conscience, comment adhérer et propager des enseignements qui ne paraissent pas en accord avec l’esprit de la Bible, avec l’idée prédominante que Dieu est Amour et non exécuteur de justice ?

Bien sûr, lorsqu’il nous est arrivé de nous épancher, nous avons reçu, de façon ponctuelle, des témoignages d’amour de la part de frères et de sœurs, du réconfort spirituel venant des anciens, d’un en particulier qui se reconnaîtra et qui manifestait pleinement les fruits de l’Esprit à notre égard. Puis, tout cela était balayé dès que nous retournions à la Salle, confrontés de nouveau à des propos qui semblaient le contraire de ce que nous avions entendus en privé. Comment s’y retrouver ? Voilà ce qui nous a éloignés de la congrégation, plus que le surcroît de travail et autres difficultés personnelles.

"Rassemblez-vous pour vous inciter à l’amour et aux belles œuvres". Il nous est fréquemment arrivé, malgré notre bonne volonté, de rentrer des réunions profondément découragés, déprimés : où étaient l’amour, l’encouragement mutuel attendus ? Loin de nous sentir édifiés, revigorés, nous étions obligés après certaines réunions de nous replonger à la Source : nous lisions et relisions certains passages rassurants de la Bible afin de dissiper le malaise ressenti et retrouver un peu de joie et de sérénité. Car comment recevoir ces messages de l’Organisation qui sont de moins en moins des incitations à nous aimer les uns les autres, mais des mises en garde constantes (envers le "monde", mais aussi envers ceux qui au milieu de nous, ne sont pas considérés comme ayant une "haute spiritualité"), des incitations qui ont pour visée de nous observer les uns les autres afin de déceler d’éventuels dévoilements et qui ont pour effet de nous apprendre à nous méfier de nos compagnons, à les jauger, à évaluer leur foi afin de déterminer s’ils sont bien des personnes spirituelles (c’est-à-dire : assidus aux réunions, réguliers en prédication, soumis à l’Organisation...). Comme si la spiritualité se résumait à cela !

Nous avons malheureusement pu constater que ce sont justement ceux-là qui avaient le moins de bonté de cœur, de compassion envers les plus "faibles", les plus prompts à les critiquer, donc présentés comme fréquentables et dignes d’être appelés "amis", alors que très souvent, c’est chez ceux qui paraissent moins zélés, plus fragiles, que l’on peut puiser des trésors d’amour et d’humanité, de véritable générosité, mais ceux-là ne sont pas en vue, ils sont considérés comme faibles et de moindre importance.  Je repense à la vidéo "Comment se faire de vrais amis", que l’on pourrait décrypter ainsi : en dehors de la Congrégation, il ne peut exister que le mal et des personnes foncièrement méchantes, obligatoirement portées aux agissements pervers qui nous détourneraient sans aucun doute de la foi ; attention aussi à ceux qui parmi nous pourraient être partagés et nous entraîneraient immanquablement vers la perdition. Quelle caricature ! Quelle injure faite à certains humains qui bien que n’ayant pas de "connaissance", manifestent un amour authentique pour leur prochain, allant même parfois jusqu’à donner leur vie sans aucun autre intérêt que celui d’améliorer le sort des autres ! Et est-ce bien étonnant ? N’avons-nous pas été créés avec cette capacité-là ?

"C’est cet amour de Dieu que nous devons apprendre à imiter en montrant de l’amour, même immérité, aux autres. C’est notre obligation, notre devoir, comme le montre l’apôtre Jean : nous sommes dans l’obligation de livrer nos âmes pour les autres en raison de l’amour de Dieu et de l’amour du Christ", disait le discours évoqué plus haut.

C’est le contraire qui nous est enseigné du haut du pupitre. Encore une fois, ces paroles justes, touchantes n’ont-elles été écrites que pour "ceux du dehors" ? Dans le seul but de donner une bonne image des Témoins de Jéhovah aux médias ?

Parce qu’à l’intérieur, l’amour ne nous est pas donné sans condition... Il ne nous est accordé que si nous sommes en mesure de démontrer notre foi et certainement pas de façon imméritée. Qui peut se permettre de juger la foi de son prochain (par extension la personne) ou de peser sur lui, d’une façon détournée de lui imposer une spiritualité codifiée à l’avance ? "Que personne ne prenne autorité sur votre foi". Dieu qui dispense sa faveur imméritée, qui donne pluie ou soleil, toutes bonnes choses aux justes comme aux injustes, nous autorise-t-Il à le faire ? N’est-il pas le seul à pouvoir prétendre connaître le cœur de chaque humain ? Peut-on imaginer le Christ avoir des à-priori sur tel ou tel disciple ? Ne cherchait-il pas avant tout à toucher leurs cœurs en dépit de leurs apparentes vicissitudes ? Se souciait-il d’ailleurs de leurs défauts, de leurs manquements ? Ne le voit-on pas le plus souvent se rapprocher des exclus, des marginaux, des pécheurs, des rejetés de tout bord ? Il est impensable de se le représenter à l’affût de toute déviation à la "norme", prompt à remettre toute chose "en bon ordre". Ce n’était pas son rôle, ce n’était pas sa mission. Il s’en remettait à son Père pour tout cela. Convaincu de son amour pour les hommes (tous les hommes), sa principale préoccupation était de Lui rendre témoignage. "Je ne suis pas venu pour juger le monde..." Seul le cœur des gens qu’il rencontrait comptait pour lui : susciter en eux l’espérance, faisant vibrer tout leur être par son message (Luc 6 : 37, Jacques 2 : 8-12).

Ne voit-on pas Jésus tout au long des Évangiles, malgré l’opposition, diffuser sans lassitude son "Commandement Nouveau" (Jean 13 : 34 - 15 : 12), marcher selon la "Loi Royale" (Jacques 2 : 8-13)? Comment certains enseignements de la Société peuvent-ils être aussi éloignés de l’esprit de ceux du Christ ? Pourquoi continuer à ne s’attacher qu’à la lettre ? Comment dans une congrégation en est-on encore à évaluer la spiritualité de quelqu’un, donc sa valeur, à son apparence extérieure (physique ou comportementale) ?

Dans un petit livre intitulé "La liberté d’obéir" il est question d’un jeune homme qui voulait abandonner le monde pour vivre dans les traces de Jésus. Il demanda : "Que dois-je abandonner ?" Et l’auteur rapporte la réponse suivante :

"Tu dois abandonner les vêtements colorés. Dans un premier temps, débarrasse-toi de tout ce qui n’est pas blanc dans ta garde-robe. Arrête de dormir sur un oreiller moelleux, vends tous tes instruments de musique et ne mange plus jamais de pain blanc. Tu ne peux pas, si tu veux obéir à Christ, prendre des bains ou raser ta barbe. Se raser, c’est mentir et aller à l’encontre de Celui qui t’a créé, comme si tu voulais améliorer son œuvre."

Est-ce que cela ne vous paraît pas absurde ? Cela devrait être le cas parce que c’est absurde ! Comment être heureux de cette façon ? La seule chose sensée est de ne plus manger de pain blanc !... Il s’agit pourtant des exigences d’une école chrétienne du IIème siècle. Est-il possible que nombre de règles adoptées aujourd’hui par un grand nombre d’églises viennent précisément de cette ancienne école ?

Avant de rire, nous ferions mieux de nous demander : N’attendons-nous pas aujourd’hui de nos frères et sœurs qu’ils vivent selon des règles similaires, comme s’il s’agissait d’exigences venant de Dieu ?

Cependant, il est de fait que l’uniformité reste une exigence dans les congrégations, qu’elle soit de tenue vestimentaire, de langage, de comportement. Quand par exemple, une femme se sentira-t-elle libre d’assister aux assemblées en pantalon ou un homme sans costume-cravate (tout en restant dignes, bien sûr) ? Sans doute, ce ne sont là que des détails mais toutefois très révélateurs, justement parce que ces détails sont présentés par l’Organisation comme une exigence divine (ou du moins celle-ci les présente de telle façon que chacun le croit) et que l’individu ne peut être libre de passer outre. Est-ce pour ceux "qui sont dans la Maison" que le discours précité a été donné ? C’est avec un infini malaise que nous avons parfois ressenti que l’Organisation nous encourageait, par de belles paroles, à nous croire libres alors qu’en réalité nous lui devons une soumission totale.

Nous restons persuadés que l’amour surpasse tout (Dieu en étant la Source), couvre une multitude de péchés, que le but de la foi est de glorifier Dieu en manifestant Sa principale qualité. Que nous parvenions à une unité parfaite ou ayons une compréhension "des temps et des époques" nous paraît d’une importance moindre. "La connaissance enfle mais l’amour édifie". La "connaissance exacte" n’est-elle pas vaine si elle n’incite pas à l’amour ? A quoi bon scruter les Écritures, commenter les prophéties, si le résultat n’est qu’un repli sur soi et sur ses certitudes toujours plus grand ? Si l’aboutissement en est l’exclusion et le rejet de celui qui ose être différent, penser librement ? Il n’est pas ici question de celui qui prend plaisir à pratiquer le mal délibérément, mais simplement de tout être humain, respectable quel qu’il soit puisque créé par Dieu à Son image, mais sujet à l’erreur, au doute, au péché ; mais aussi enclin à l’amour (en dehors même de sa volonté mais créé avec la faculté de fonctionner avec et par amour ; Peut-être le seul critère de jugement de la part de Dieu sera-t-il celui-ci : avons-nous accepté de nous comporter avec amour, même imparfaitement, cela va de soi, d’être conformes à la nature qui nous a été donnée ?), à la bonté, à la générosité, aux "belles œuvres". En dépit des horreurs et des violences, il y a dans ce monde, parmi nous, des êtres humains glorifiant Dieu à leur insu (croyants ou non), qui font briller leur lumière, se comportant sans le savoir en véritables chrétiens (la loi d’amour n’est-elle pas inscrite de manière indélébile dans le cœur de chacun ?), peut-être dans l’erreur quant à la "Connaissance" (mais à part Dieu lui-même, qui peut prétendre sans arrogance détenir l’absolue Vérité et se l’accaparer ?), mais ne péchant pas non plus par excès de zèle. Le zèle ne pourra jamais racheter le manque de cœur, d’humanité et d’amour.

Voici ce que déclare le "Commentaire sur la lettre de Jacques" publié par la Société, dans son introduction page 7 :

"Chaque fois que le dogme, aussi orthodoxe soit-il, est sans rapport avec la vie et que la foi n’engendre pas l’amour, chaque fois que les chrétiens sont tentés de s’installer dans la pratique d’une religion égocentrique et qu’ils oublient les besoins d’ordre social et matériel de leurs semblables, chaque fois que par leur manière de vivre, ils renient le credo qu’ils professent... alors la lettre de Jacques a quelque chose à leur rappeler..."

Est-il juste d’affirmer que seuls les Témoins de Jéhovah manifestent l’amour véritable ? N’est-ce pas juger le reste de l’humanité que de prétendre qu’ils sont seuls dépositaires de la Vérité et que seuls ceux qui prennent position pour l’Organisation méritent la faveur (pourtant imméritée) divine, autrement dit, la vie ? Si la Société n’ose pas affirmer ouvertement au "monde" que "seuls les Témoins de Jéhovah seront sauvés", c’est cependant l’essentiel du message diffusé dans les congrégations. Cela nous semble en contradiction avec la Parole de Dieu qui nous exhorte à ne juger personne (Jésus lui-même ne se l’autorisait pas) et qui indique clairement que la foi en Christ et l’obéissance à la loi d’amour sont les critères fondamentaux pour être agréés de Lui.

Nous sommes profondément troublés par le double langage pratiqué par l’Organisation : celle-ci s’évertue à donner une bonne image d’elle-même aux "gens du monde" mais cette présentation ne reflète pas du tout ce que l’on doit y vivre lorsque l’on en fait partie. Les exemples sont très nombreux. En voici quelques-uns : la Société nous encourage à nous montrer comme des personnes équilibrées, "vivant comme tout le monde", la foi en plus. Or, aux assemblées, nous entendons : "pourquoi chercher à avoir une vie normale puisque nous vivons dans une époque anormale, dans les derniers jours du système de choses ?". Nous disons (il nous est dit de dire...) au "monde" : "nous servons Dieu et non une cause ou un groupe d’hommes, obéissant à notre conscience personnelle qui nous pousse à agir ; c’est à titre personnel que nous prêchons ou nous comportons de telle ou telle façon...". C’est faux ! C’est la Société qui nous pousse à l’action par des rappels incessants, des discours culpabilisants : celui qui ne prêche pas régulièrement, manque des réunions, est qualifié d’ingrat, accusé de manquer d’amour envers Jéhovah, de faire peu de cas du banquet spirituel auquel Il nous convie, et pire, est finalement considéré, s’il demeure "inactif" comme mort (spirituellement dans un premier temps, par la destruction définitive plus tard) et est donc traité comme tel (à ce propos, comment critiquer, comme nous l’avons entendu de la bouche de "frères", la religion musulmane qui exige de rompre tout lien avec un des leurs s’il renonce à sa croyance, le considérant comme mort et dans certains pays, le mettant effectivement à mort, si nous agissons exactement de la même manière ?).

C’est une pression continue, parfois insoutenable, qui détermine en réalité le comportement de beaucoup ; bien plus que la conviction intime d’obéir à la Parole de Dieu (ce qui ne devrait engendrer que de la joie alors que l’on observe le contraire et que beaucoup se plaignent et souffrent, n’osant s’épancher qu’en privé, non pas du poids du monde seulement mais du fardeau supplémentaire posé sur leurs épaules dans la congrégation elle-même). La Bible codifie-t-elle de façon incontestable le nombre et la fréquence des réunions, la manière de propager le message divin, d’être vêtu ou coiffé, etc. ? Lorsque, il y a quelques années, les jeunes chrétiens étaient appelés au service militaire et qu’ils "préféraient" l’emprisonnement au statut d’objecteur de conscience, était-ce un choix éclairé, l’aboutissement d’une décision prise personnellement ? Absolument pas ! Ils agissaient comme la Société leur demandait d’agir. Lorsque plus tard, ce point a été revu, on a pu lire dans une étude de la Tour de Garde, en substance : "Ceux qui ont choisi la prison ont-ils aujourd’hui à le regretter ? Non, puisqu’ils ont obéi à leur conscience personnelle du moment" ! Idem pour d’autres points révisés eux aussi : motif de divorce, études, choix d’un métier... sans parler de la probable intervention divine en 1975, de la nouvelle compréhension de la "génération de 1914", les anciennes interprétations (impossibles à critiquer au moment où elles étaient données) ayant pourtant pesé lourd sur la vie de milliers de personnes.

Nous sommes sidérés par ce que l’on ne peut appeler autrement que de l’hypocrisie : si un individu a fait une erreur de compréhension (dispensée pourtant par l’Esclave Fidèle et Avisé !) il se retrouve seul responsable de ses actes, renvoyé dans ce cas (et pour le coup, c’est fort !) à sa conscience personnelle, alors qu’en réalité il lui était impossible d’en avoir une si elle n’était pas en parfait accord avec les directives de l’Organisation, sans être relégué au rang des apostats. Aucun regret, aucune excuse de la part de celle-ci ; aucune allusion à sa "faillibilité". Seulement : "la lumière vient toujours en temps voulu, continuez à faire confiance...".

Que dira-t-on demain aux parents qui ont perdu un enfant faute d’avoir accepté une transfusion sanguine si l’on en vient à recevoir une compréhension nouvelle sur le terme : "abstenez-vous de sang...", point qui mériterait d’être amplement débattu, qui demeure au fond assez incompréhensible : comment un Dieu d’amour pourrait-il exiger d’un chrétien qu’il renonce à sa vie ou sacrifie celle de son enfant dans l’unique but de prouver sa fidélité ? Accepter du sang est mis au rang des péchés graves comme le meurtre, l’adultère, le vol... alors que la motivation qui pousse à en accepter n’est autre que d’entretenir la vie donnée par Dieu Lui-même et finalement d’obéir à son commandement de respecter la vie pour soi et pour les autres ; où est sur ce point précis la volonté de faire le mal ? S’il nous faut faire "usage de notre raison", il y a de quoi être dérouté...

Nous disons au "monde" : "Nos enfants sont libres du choix de leur foi, de leurs études, d’avoir des distractions, etc." Dans les faits : les parents ont l’obligation d’"endoctriner" leurs enfants (ils sont responsables devant Dieu de leur vie ou de leur mort), de veiller à leurs fréquentations (qui, hors de la congrégation - et même à l’intérieur de celle-ci, il faut sélectionner - sont forcément malsaines) ; Pas d’activité extrascolaire jugée dangereuse et accaparant un temps précieux qui pourrait être utilisé de façon plus profitable, en prêchant ou étudiant la Bible par exemple. De peur qu’ils ne s’écartent de la "foi véritable", les parents sont amenés à les protéger à l’extrême ; beaucoup à cause de cela, ont vécu leur enfance, leur jeunesse, dans un climat étouffant les poussant parfois au désespoir. Peut-on dire qu’ils choisissent librement leur foi et leur comportement s’ils n’ont en réalité aucune marge de manœuvre, si on ne leur laisse aucune opportunité de connaître autre chose, de comparer d’autres façons de croire et de vivre ? S’il est indispensable que des adultes soient leurs guides, leurs protecteurs, cela les autorise-t-il pour autant à faire peser sur eux le poids du chantage affectif (ce qui se voit couramment) ? Pensons-nous que la "foi" affichée par un jeune qui n’en a pas eu le choix, qui est automatique, a une grande valeur aux yeux de Dieu ? L’amour est le fruit de l’Esprit le plus précieux : y parvient-on sous la contrainte ? La liberté n’est-elle pas la condition indispensable à l’amour ? Tout enfant a besoin de se sentir aimé de façon inconditionnelle par ses parents pour grandir, pour s’épanouir. C’est loin d’être le cas pour ceux des Témoins de Jéhovah : ils sentent bien, même si ce n’est pas toujours formulé (et parfois cela l'est - et dans le passé, cela l’était) que s’ils s’éloignent de la "Vérité", ils vont être rejetés et causer beaucoup de douleur à leur parents (quitter la "Vérité" signifie la mort). Qui peut affectivement supporter cela ? En réalité, beaucoup de jeunes n’ont le choix qu’entre accepter une foi imposée ou briser les liens qui les unissent à leur famille. Est-ce si étonnant que beaucoup mènent une double vie ? Le nombre de dépressifs, d’anorexiques, voire de suicidés ne devrait-il pas faire réfléchir ?

Nos propres enfants ont pu voir à une assemblée un père gifler son fils d’une douzaine d’années parce qu’il ne prenait pas de notes. Ils ont entendu le témoignage d’une jeune file battue par son père parce qu’elle ne voulait plus assister aux réunions. Ils ont connu une jeune fille qui n’avait plus le droit de voir et de parler à ses jeunes frères parce qu’elle était exclue : elle avait tout juste 15 ans et avait pris le baptême à 13 ans ! Ils ont entendu le récit de parents qui avaient chassé de leur foyer leurs enfants "rebelles" (de peur qu’ils ne "contaminent" leurs jeunes frères et sœurs) bien que très jeunes. On pourrait également citer, dans notre circonscription, le cas dramatique d’un jeune leucémique renvoyé de chez lui parce qu’il ne "suivait pas la Vérité" : les parents continuaient à subvenir à ses besoins mais en dehors du cadre familial. La douleur du père après son décès et ses remords ont été immenses... Il y a multitude de cas similaires, certains ayant même été relatés dans les périodiques... Sont-ce là des témoignages à la gloire de Jéhovah ? Que penser des bébés morts de déshydratation ou de fatigue lors des grands rassemblements d’été ? Les parents qui ont fait endurer de telles souffrances à leurs enfants étaient-ils tous dénaturés ? S’ils ont manqué d’équilibre et de raison, et de cœur, ce n’était pas dû exclusivement à leur personnalité propre comme aime à le laisser entendre la Société, mais bien parce qu’ils étaient sous influence : ils avaient surtout l’impression de ne pas pouvoir faire autrement, la conviction de faire leur devoir de parents chrétiens comme les y incitait l’Organisation qui a toujours été pressante sur l’assistance aux assemblées et l’obligation d’y assister en famille.

En ce qui nous concerne, nous estimons que sous cette même pression de l’Organisation, nous avons fait subir à nos enfants des violences psychologiques importantes (nous les subissions nous-mêmes...). Était-ce normal qu’ils entendent régulièrement, et ce, dès leur plus jeune âge, ces mots-là : "harmaguédon (fin du monde)", "grande tribulation (souffrances atroces en perspective)", "destruction"," vengeance divine", "punition", "châtiment" etc. associés à Dieu ? Comment aimer Dieu sous la contrainte et dans la peur ? Comment peut-on en arriver à faire si peu de cas de la sensibilité de nos enfants ? Que dire des angoisses que ressentaient ceux qui avaient un parent opposé, qui aimaient les membres de leur famille, leurs camarades de classe mais devaient se préparer à en être séparés par le courroux divin puisque non-Témoins, ils étaient voués à la destruction ? Peut-on développer une personnalité saine dans de telles conditions ? Jamais, nous ne pourrons nous pardonner de ne pas avoir obéi à notre conscience personnelle dans certaines situations particulières de peur d’être en désaccord avec la Société. Jamais, nous ne nous pardonnerons de n’avoir pas été pour nos enfants les parents que nous aurions dû, que nous aurions pu être : des parents aimants (bien que très imparfaits) tout simplement et non pas tourmentés par l’idée de les perdre si nous ne faisions pas exactement ce que l’Organisation nous conseillait (obligeait ?) de faire. Les avons-nous dégoûtés de Dieu à tout jamais ? Comment ne pas nous sentir profondément coupables de les avoir exposés à un climat plus empreint de morbidité que de joie de vivre ? Nous ne pouvons pas nous pardonner non plus les pressions que nous avons accepté de subir alors même que quelque chose en nous d’indéfinissable nous interpellait. Pour ceux d’entre vous qui ont des enfants : aimez-les ! aimez-les pour ce qu’ils sont réellement, non pas pour ce que vous espérez qu’ils deviennent. Ne brisez pas leur élan de vie, laissez-les faire du sport, de la musique, voir d’autres jeunes même en dehors de la congrégation, ne les surprotégez pas : ils n’oseront plus prendre leur vie en mains, vous allez les "robotiser" (nous avons été souvent frappés du manque d’enthousiasme des jeunes à la Salle, du manque de spontanéité dans leurs commentaires, souvent sans originalité, sans réflexion personnelle, se contentant de répondre aux questions posées). Surtout, veillez à ce qu’à vouloir préserver leur vie spirituelle avant tout vous ne les ameniez pas à perdre le goût de la vie tout court.

Est-ce vraiment leur enseigner l’amour du prochain que de leur inculquer dès leur plus jeune âge que le monde est mauvais ainsi que tous ceux qui y vivent (à part, bien sûr, les Témoins) ? L’amour nécessite que l’on s’élargisse, que l’on prenne des risques pour aller vers autrui et non pas que nous cherchions à nous en protéger comme s’il était foncièrement dangereux. Peut-on imaginer le Christ vivre en vase clos, n’acceptant dans son entourage que ceux qui pensaient comme lui ? Les exemples sont nombreux qui nous montrent Jésus prendre des libertés, devant ses disciples et contemporains ébahis, à l’égard des "gens du monde" qu’il considérait tous comme ses prochains : Il était venu sur terre pour eux tous, pour nous tous. Il ne jugeait pas non plus ceux qui ne s’intéressaient pas à son message, il les laissait libres, ne cherchait nullement à les culpabiliser. Dans la parabole du fils prodigue, le père cherche-t-il à le retenir à tout prix ? Il ne sait pas s’il reviendra un jour mais cependant, loin de lui retirer son amour, il lui donne sa part d’héritage...

Pour ce qui est du double langage, nous disons au monde : "personne ne peut juger les cœurs hormis Dieu, loin de nous l’idée de nous ériger en juges". Dans les faits : la lecture des périodiques et les discours donnés indiquent bien que seuls les Témoins voués et baptisés échapperont à la destruction. Nous disons encore au monde : "nous sommes neutres pour ce qui est de la politique et des affaires de l’état" (la neutralité totale peut-elle exister ? On pourrait en débattre ! Par exemple, si nous ne dénonçons pas le mal en nous contentant de ne pas y prendre part, ne sommes-nous pas répréhensibles ? Si notre seul objectif est de protéger notre œuvre (comme cela l’a été en Allemagne nazie), sommes-nous réellement disciples du Christ qui nous ordonne de prendre soin du faible, de l’opprimé, de celui qui souffre et cela sans nous demander s’il le mérite ou non ? La Société nous exhorte à "avertir" le monde, qu’il puisse se repentir, revenir de ses voies mauvaises, pouvons-nous dénoncer le vol, le meurtre et rester silencieux devant un régime totalitaire meurtrier tant qu’il n’interdit pas notre œuvre ? La Société revendique aux yeux du monde le droit à la citoyenneté et nous a récemment incité à prendre une carte d’électeur : n’est-ce pas hypocrite et paradoxal de laisser croire aux gens que nous votons (ils ne savent pas que nos bulletins sont invalidés), alors que d’un autre côté nous leur affirmons que nous sommes parfaitement neutres, les enseignant dans ce sens ?

Qu’advient-il de celui qui ne comprend pas, ne parvient plus à adhérer devant tant d’incohérences (alors qu’il cherche pourtant Dieu en toute sincérité) ? Au nom de l’unité dans la foi, de la nécessité de parler un même langage, il doit faire taire sa conscience personnelle.

Peut-on alors dire que nous avons réellement le droit d’utiliser notre libre-arbitre à l’intérieur de l’Organisation ? Mille fois non ! Celui qui agit librement devient sujet de trouble, et s’il persiste dans le doute et le questionnement (peu importe sa sincérité) est considéré comme suspect, dangereux pour la communauté, voire apostat. Il n’est pas permis d’avoir une compréhension autre que celle dispensée par le seul canal autorisé : l’"Esclave Fidèle et Avisé". En cela, nous ressemblons aux abeilles ouvrières nourries exclusivement en fonction de l’efficacité qu’on attend d’elles et qui ont pour rôle de maintenir en vie la reine et d’assurer le bon fonctionnement de la ruche. Tant pis pourtant si la Société se contredit parfois, revoit ses positions, adapte ses directives, interprète différemment un passage biblique... Tout esprit critique, toute initiative privée sont immédiatement contrés : malheur à celui qui se pose trop de questions ; il est vite rejeté s’il ne rentre pas rapidement dans le rang, dans le droit chemin de la compréhension unique, devenant un danger pour le reste du troupeau qu’il risque de contaminer.

Nous avons fait cette expérience : certains qui se disaient nos frères, nos intimes, dont nous étions très proches, qui affirmaient nous aimer profondément, après nous avoir poussé à ouvrir notre cœur, qui partageaient même nos souffrances et nos doutes (eux-mêmes nous faisaient remarquer et soulignaient certains dysfonctionnements !) se sont finalement détournés de nous avec une froideur inouïe (nous parlons ici de "membres en vue" dans les congrégations, de chrétiens "exemplaires" et pas de "simples proclamateurs qui ont bien souvent avec une grande humilité un cœur rempli d’amour), alors que dans notre personnalité, notre "personne cachée du cœur", absolument rien n’avait changé : ni le mobile profond du cœur, ni notre sincérité. Le manque de sensibilité, d’humanité, outre qu’il nous a blessés affectivement, nous a fait réfléchir et n’a fait que confirmer nos doutes et nous a fait très peur : peut-il exister un Témoin de Jéhovah totalement libre, pensant et agissant par lui-même, ayant le sentiment de n’avoir de comptes à rendre qu’à Dieu ? Nous avons eu la preuve du contraire, nous avons pu observer le repli constant de la congrégation sur elle-même, le contrôle permanent exercé sur tous ses membres (de façon indirecte), chaque "chrétien" étant encouragé à ne pas se poser trop de questions, à se méfier de ceux qui ne sont pas "orthodoxes", à s’autocensurer... Aucune critique ne doit filtrer de l’extérieur... Le mot d’ordre : ne pas prêter attention à tout ce qui pourrait remettre en cause le fonctionnement, le credo de l’Organisation. Nous en sommes même arrivés à nous demander si le rythme soutenu des réunions et dans le "service" ("ayons toujours beaucoup de travail dans l’œuvre du Seigneur") ne laissant plus de temps pour une vie privée, n’était pas simplement le meilleur moyen de nous empêcher de penser par nous-mêmes ; on ne peut évaluer les choses qu’avec du recul, or le recul n’est pas possible : le climat est à l’urgence et dans l’urgence il n’est pas possible de voir clairement, de s’analyser convenablement... Tout cela fait malheureusement penser aux régimes totalitaires, aux sectes...

Vraiment, le Christ ne pouvait pas désirer cela...

Nous ne voulons pas céder au ressentiment, mais c’est avec douleur que nous constatons que notre liberté, notre intimité, notre conscience, notre jeunesse puis notre vie de famille nous ont été volées non par Dieu mais par des hommes qui prétendent parler en Son Nom, détenir à son sujet l’Unique Vérité. Comment y avons-nous consenti ? Nous ne savons plus très bien ; sans doute par idéalisme et sincérité de cœur au départ ; ensuite pris sous une chape de plomb dont nous ne parvenions pas à nous dégager. Nous n’en voulons à personne, certains parmi vous, perdus dans la forêt, sont des arbres d’essence unique, mais ceux-là, on ne sait pas, on ne veut pas, les considérer : ils ont pourtant dans toute leur humilité beaucoup à apporter. Ce sont justement ceux-là qui, considérés comme de peu de valeur, sont injustement piétinés, souffrent en silence et finissent par être étouffés par l’imposante forêt qui leur confisque la lumière. C’est contre un système, une organisation, que nous sommes indignés. Une organisation qui nous a dépouillés de ce qu’il y avait de plus beau et de plus fragile en nous, comme en tout être humain : notre besoin de pureté, d’amour, de justice. Nous voulons malgré tout continuer à aimer. Aimer : la seule valeur à transmettre, la pratiquer sans l’imposer.

Peut-être sommes-nous dans l’erreur, mais nous ne pouvons nous empêcher de croire que Dieu nous pardonnera, nous pardonne déjà, connaissant mieux que personne l’élan de cœur qui nous anime. C’est l’aboutissement d’une longue souffrance, d’une démarche de reconstruction qui a duré plusieurs années que nous vous livrons.

Sans doute, cela vous surprendra : nous nous sentons toujours portés par Dieu ; nous connaissons, malgré diverses difficultés, une joie et une paix intérieure profondes qui n’ont rien de l’exaltation, mais qui nous animent de l’intérieur, une sensation de vivre à nouveau, d’être enfin dans les mains de Dieu seul.

S. et MC. C

NB : La photo servant d'illustration en introduction n'est pas celle de l'auteur de ce témoignage.


4 commentaires:

  1. Merci pour ce témoignage émouvant et juste. Comment ne pas être ému ? c'est également l'histoire de ma vie ...

    Merci à S. et MC.C de s'être livré avec simplicité et franchise.

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  2. bravo pour ce courage de témoigner...

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  3. Bonjour
    et merci pour ce témoignage qui permet de partager cette véritable souffrance engendrée par la cupidité d'hommes qui aiment bien leur place en vue!
    J'espère de tout cœur pouvoir témoigner à mon tour de cette situation finale que j'ai vécu, dans laquelle on a enlevé clandestinement ma femme et mes enfants en leur demandant fermement de ne pas dévoiler où et chez qui ils se trouvaient. J'ai pourtant trouvé que c'était chez le coordinateur!
    Je ne pouvais même pas leur parler par téléphone et bien sûr, je me suis rendu coupable d'exaspération, mais je ne me suis pas vengé!
    J'ai même pris des coups à la salle du royaume, à 51 ans, devant des anciens qui avaient organisé une confrontation entre mon fils non baptisé et une S... qui courrait 2 lièvres à la fois, faisaient du chantage à mon fils pour qu'enfin il se décide de prendre position et pouvoir se fréquenter, et de son autre compagnon, gendarme, (auteur des coups que je n'ai pas rendu) qui menaçait mon fils s'il ne laissait pas cette fille!
    Le déclenchement des coups de ce jeune homme, j'ai simplement demandé à cette jeune fille si elle était témoin de Jéhovah, car si elle l'était (elle était et l'est toujours), moi je ne le serait plus. Normal, fille d'ancien, ça a de l'immunité!
    J'ai été raccompagné et dehors, sur le pallier de la porte de la salle, invité à aller me soigner.
    J'ai reçu une lettre d'un éminent TJ bien en vue, oui, vraiment l’arqué-type, dans laquelle il me dit que si j'ai pris des coups, c'est que je le méritais!
    Et le surveillant de circonscription qui me dit: tu attends des excuses (pas simplement pour les coups), tu peux prendre une chaise et attendre!
    Mon excommunication s'est faite par lettre non timbrée déposée dans ma boite aux lettres, sans aucun contact ni aucune présence.
    J'ai bien envie de produire ces documents!
    J'ai commencé à étudier en 1987, pris position en 1995 (j'ai mis du temps à cause des doutes qui me taraudaient devant le manque pourtant flagrant d'Amour véritable) après avoir écrasé la réalité que pourtant je percevais, mais je doutais plus que jamais de moi.
    Ce qui m'a effondré le plus, c'est le suicide d'une jeune d'à peine 21 ans qui souffrait de toute cette hypocrisie et cette injustice, ça, je ne le digère pas et me rappelle le précédent, une jeune fille aussi, mais dans nos débuts dans cette congrégation, je ne l'avais jamais vue.
    Il nous avait alors été recommandé: "sans commentaires", nous n'avions pas à poser de questions!
    C'est incroyable comme on peut se faire anesthésier par la peur du gourou qui nous lance ça un soir d'étude de livre!
    Cette jeune fille ne venait plus aux réunions, elle avait certainement ces raisons, mais la veille, elle dira pourtant à sa sœur et son beau frère qu'elle se sent poussée à mettre un terme à sa vie.
    Voilà ensuite les déclics automatiques qui visent à appuyer sur le bouton de la peur...c'est parce qu'elle n'allait plus aux réunions
    Enfin, je remercie Dieu, le créateur de toute choses, qui est dans les cieux, de m'avoir révélé et confirmé son existence et répondu à des questions que je ne me posais pas.
    Lire le livre du frère Franz m'a beaucoup fait du bien (même si cela a déclenché une querelle parce que je voulais faire simplement partager quelques phrases et montrer qu'il n'y a aucune haine dans ce livre, bien au contraire, et j'aimerais me reconstruire, mais je n'y arrive pas, j'ai besoin de cette communion dans l' Amour et le partage des écritures.
    Merci encore pour vos témoignage, il y en a des choses à dire, j'ai devant les yeux toutes mes prétentions gonflé de connaissance et tout mes manquement à l'Amour sous prétexte de défendre une vérité faite de manipulation.
    Quel triste spectacle!

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  4. merci beaucoup pour avoir ainsi exprimé si bien ce que nous vivons en ce moment..nous sommes parents de deux enfants et avons ouverts nos yeux depuis quelque temps..

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