Voici un aperçu de ma petite vie, qui me paraît finalement quelque peu
ordinaire. Pourquoi la raconterais-je ?
Peut-être pour expurger de mon cœur toutes les mauvaises choses qui
s’y sont accumulées depuis l’enfance et qui ont rendu certains moments de mon
existence insupportables, à commencer par mon éducation chez les Témoins de
Jéhovah, que j’ai quittés par deux fois en une quarantaine d’années.
Ma mère orpheline de guerre 1914/18 à été élevée chez les sœurs de St C. Sa
confiance en la religion a été déçue quand elle a pris connaissance des tarifs
d’inscription scolaire pour ses 2 garçons. N’étant pas riche, elle a dit adieu
à l’église et à ses croyances pour quelque temps.
Et puis un jour les Témoins de Jéhovah ont sonné à sa porte… voilà
comment je me retrouvai à 6 ans à la salle du Royaume à écouter chaque semaine pendant
des heures des discours et des explications que je ne comprenais pas et à
étudier la bible , à un âge où l’on préfèrerait tout naturellement jouer avec ses
petites voitures et son train électrique ou lire des bandes dessinées !
J'ai donc « grandi dans la vérité » comme disent les Témoins
et j’ai été baptisé dans une baignoire au congrès de
P., à 15 ans, sans trop comprendre ce qui
m'arrivait ! La prédication, les petites allocutions à la tribune, ont rythmé
mon adolescence jusqu’à mes 18 ans. Je me souviens de l’inquiétude qui était la
mienne, la peur de la mort, d'Harmaguédon, d’avoir péché et de ne pas avoir
fait suffisamment d’œuvres de prédication à la fin de chaque mois… Je pensais
aussi que je ne serai pas accepté de Jéhovah au jugement dernier… Jeune homme dans
la fleur de l’âge, je me suis marié à la salle du Royaume de R., certainement trop jeune et trop tôt, mais je
désirais avant tout obéir aux commandements de Jéhovah en matière de chasteté.
Mais quelques années plus tard, ma jeune épouse et moi nous sommes « refroidis »,
et nous avons laissé tomber les réunions, la prédication et la congrégation, et
par voie de conséquence notre divorce est survenu quelque temps après. J'ai été
exclu en 1970, cinq ans après notre éloignement de la congrégation. Ma mère
était encore Témoin à cette époque, elle s’est donc sentie obligée de me
dénoncer aux anciens car je vivais dans son appartement avec une autre femme. Cela
ne me fit ni chaud ni froid, car de toute façon je ne voulais pas retourner
chez les Témoins.
Pianiste concertiste, ma nouvelle fiancée sortait tout juste d'une
très forte dépression nerveuse, après avoir attenté plusieurs fois à ses jours.
Sa famille, des amis à ma mère, avaient organisé notre rencontre, car ils avaient
surtout vu en moi un gentil garçon qui pourrait la « sauver », la
remettre sur les rails de la vie et du succès… ce que je compris à mes dépends bien
plus tard…
Les années passant, une petite fille naquit de notre union, je n’étais
donc pas préparé à ce qui m’attendait… J’avais prodigué à ma nouvelle épouse toute
l’affection et l’amour dont je me sentais capable, entrepris des travaux d’envergure
dans la maison pour assurer son bien-être et l’avait soutenu de toutes mes
forces dans sa dépression, tant et si bien qu'elle réussit à retrouver son
équilibre et son talent et redonna des concerts pour le plus grand bonheur d’un
public de mélomanes avertis. Vivre dans son ombre ne me gênait pas, aussi me
sentis-je complètement trahi quand elle m’annonça vouloir le divorce, pour
retrouver la liberté de mouvement dont la privaient ‘les chaînes de notre
mariage’… Il ne lui fallut pas longtemps pour prendre le bras d’un homme du
monde du spectacle, monter à Paris et briller dans le milieu de la musique
classique.
J’étais anéanti. J’aimais sincèrement cette femme. J’en suis venu à
penser que de cette manière Jéhovah me punissait certainement d’avoir ‘abandonné
ses voies’. A quoi bon continuer de vivre puisque Dieu m’avait rejeté et que je
serais sans nul doute détruit à Harmaguédon, moi un incapable, un mécréant
indigne d’être aimé ? Au plus profond de moi j'étais perdu d'avance et
n'avais plus aucun espoir.
Je passai donc à l’acte, non sans une minutieuse préparation : lames
de rasoir, puissant somnifère, et pour ne pas rater mon coup, le gaz. Le jour
J, je me suis tailladé les veines du poignet, j'ai avalé le tube de cachets, j’ai
débranché le tuyau de gaz et me suis mis à respirer profondément…
Je me réveillais dans une chambre d’hôpital, la nuit tombée. L’odeur
du gaz avait alerté les voisins et les pompiers m'avaient retrouvé baignant
dans mon sang… J’étais sauvé, malgré moi.
Aujourd'hui, je suis toujours hanté par le souvenir de cette tragédie,
à laquelle m’avaient conduit les croyances inculquées dans ma jeunesse. Je
remercie Dieu et son fils de m’avoir fait échapper à la mort et de m’avoir
permis d’en ressortir plus fort. Mais le diable n’en avait pas encore terminé
avec moi à ce moment-là.
Quelque temps plus tard je me remariai et ma femme nous donna un beau garçon,
il y a de cela quelques vingt-cinq ans. Mais au fond de moi je me demandais
parfois si Dieu existe vraiment. Les Témoins de Jéhovah frappaient à notre
porte de temps en temps, mais je leur répondais que je n’étais pas intéressé. Jusqu'au
jour où les guerres ont fait rage au Moyen-Orient et jusqu’à ce terrible attentat
du 11 septembre 2001. Je compris qu'il y
avait une puissance du mal derrière l’horreur de ces évènements. Je me suis alors
souvenu de tout ce que j'avais appris étant jeune, et j'ai pensé qu’on vivait précisément
les derniers temps précédant Harmaguédon et que les Témoins de Jéhovah avaient
raison !
En 2008 je fis les premiers pas de mon retour vers leur organisation.
J’acceptai des exemplaires de Réveillez-Vous! et La Tour de Garde, puis
j’assistais aux réunions, mais dans la semaine seulement, car ma démarche ne
plaisait pas du tout à mon épouse, athée, et le Dimanche, c’est notre jour de
sortie à la campagne. En outre, je me rends compte aujourd’hui que je l’ai
véritablement harcelée au sujet de « la fin du monde », à un point
tel qu’elle a même songé à divorcer malgré son amour sincère pour moi.
Toujours considéré comme un « exclu » de l’organisation,
j’étais isolé, car personne n’avait le droit de m’adresser la parole aux
réunions. Je devais arriver après le début de la réunion et en repartir avant
la fin pour ne pas indisposer les assistants par ma présence. Je repensai alors
au Fils prodigue de la parabole de Jésus qui avait été accueilli les bras
ouverts par son père à son retour. Quel contraste avec ce que je ressentais au
milieu des Témoins à présent !
J’avais été excommunié en 1970, depuis 45 ans, ne pouvait-il donc pas
y avoir prescription ? Pourquoi Jéhovah semblait-il ne pas accepter ma
repentance plus rapidement et hésiter à m’ouvrir ses bras ? J’ai commencé
à me poser des questions et à avoir des doutes sur le bien-fondé de ce que
j’entreprenais.
C’est mon épouse qui m’a finalement ouvert les yeux. Méfiante à
l’égard des sectes, il ne lui fallut pas longtemps pour me produire une
montagne de documents sur la véritable nature et les origines occultes de la
Watchtower, autant de choses du passé à propos desquels les Témoins de Jéhovah
sont complètement maintenus dans l’ignorance, comme le tombeau en forme de
pyramide égyptienne de Russell et son emploi des symboles ésotériques issus de
la franc- maçonnerie. Après de longs mois d’investigations sur les sectes et
religions en tous genres, je découvris la vérité sur Russell, le juge
Rutherford et leurs successeurs, ainsi que sur leur nature de « faux
prophètes » (annonces pour 1914 et 1975 par exemple), grâce au livre "Crise de Conscience" écrit
par un ancien dirigeant du « Collège Central ».
N’y avait-il donc aucune vraie foi sur terre ? Par bonheur, mes
recherches m’amenèrent à entrer en contact avec des chrétiens sincères qui ont
compris que l’appartenance à une organisation religieuse n’est qu’une forme de
manipulation étrangère à la vraie foi, qui doit se vivre sur un plan personnel,
dans une relation d’intimité avec Dieu. C’est là le véritable sens de la
liberté chrétienne à laquelle Christ nous a appelés :
“ Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes
disciples ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. ”
(Jean 8:31-32)
“ Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s'y trouve, lui qui est le
Seigneur du ciel et de la terre, n'habite pas dans des sanctuaires fabriqués
par des mains humaines ; il n'est pas servi par des mains humaines, comme s'il
avait besoin de quoi que ce soit : c'est lui qui donne à tous la vie, le
souffle et toutes choses. D'un seul être il a fait toutes les nations des
humains, pour que ceux-ci habitent sur toute la surface de la terre, dans les
temps fixés et les limites qu'il a institués, afin qu'ils cherchent Dieu, si
tant est qu'on puisse le trouver en tâtonnant. Pourtant il n'est pas loin de
chacun de nous. ” (Actes 17:24-27)
Je
découvris aussi la véritable espérance qu’on m’avait cachée depuis
l’enfance :
“ Que votre cœur ne se trouble point. Croyez en Dieu, et croyez en
moi. Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. Si cela n'était pas,
je vous l'aurais dit. Je vais vous préparer une place. Et, lorsque je m'en
serai allé, et que je vous aurai préparé une place, je reviendrai, et je vous
prendrai avec moi, afin que là où je suis vous y soyez aussi. Vous savez où je
vais, et vous en savez le chemin. ” (Jean 14:1-4)
Aujourd’hui, je continue jour après jour de me laisser enseigner par la
Parole de Dieu, même quand cela remet en question des croyances qu’on m’a
inculquées depuis tout petit. C’est pour moi un indicible soulagement de
ressentir qu’après m’avoir permis de traverser ces épreuves, Yahweh m’a appelé
à lui. Je ne souffre plus dans mon esprit comme c’était le cas lorsque je
m’efforçais de réintégrer l’organisation des Témoins de Jéhovah. Je sais que,
parmi les Témoins, de nombreux frères et sœurs sont conscients d’être dans une
bulle de verre dont ils ne peuvent s’échapper sous peine de briser leurs liens
familiaux et sociaux, et je suis malheureux pour eux.
Je remercie mon épouse d’avoir tenu bon à mes côtés et de m’avoir
montré là où je ne devais pas retourner. La paix est revenue dans notre foyer,
je pense que Christ a exaucé mes prières en ce sens.
Jésus a dit : « Demandez et
on vous donnera, frappez et l'on vous ouvrira ! » et aussi : « Ne
soyez pas inquiet ! Croyez en Dieu, et croyez aussi en moi ! » (Luc 11:9 ; Jean 14 : 1).
Merci Seigneur de m'avoir entendu et de m'avoir indiqué le chemin ! Et
aussi d'avoir ôté toute mon inquiétude !
« Maintenant
donc, il n'y a plus de condamnation pour ceux qui sont unis à Christ ! » -
Romains 8:1
Votre frère, un humble chrétien.
D. M.
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