24 mars 2011

L'emprise psychologique de la Watchtower



Un ex-Ancien décrypte en détail le conditionnement psychologique puissant et dévastateur auquel les dirigeants de la Watchtower soumettent les fidèles Témoins de Jéhovah. Si cette analyse échappe totalement au jugement de tous ceux dont l'esprit est suffisamment aliéné au système ou qui en profitent en termes de pouvoir, en revanche elle est criante de vérité pour ceux qui sont parvenus à prendre du recul sur le mouvement. 

Téléchargement du document intégral : ICI


 Extraits choisis

Le système Watchtower est une gigantesque machine, fruit de l’opiniâtreté et du pragmatisme d’une “classe dirigeante”. Cette œuvre mondiale n’a pour intérêt que l’expansionnisme de l’idéologie jéhoviste. Le but déclaré est la soumission des peuples de la terre à une théocratie rigide et sans concession au nom de la “vérité” et de la réconciliation avec Dieu. D’une façon plus terre-à-terre, cette société brasse des milliards et bien qu’elle affiche et publie le montant des dépenses pour l’“œuvre du royaume”, certains mouvements restent occultes. Est annoncé ce qui sublime la “famille des frères” et conforte cette dernière dans une dynamique expansionniste. Bien entendu, soulignons-le de nouveau, les Témoins de Jéhovah se croient réellement mandatés par Dieu pour un tel prosélytisme, et c’est là un signe distinctif du fanatisme. Le temps presse ! L’adepte se sent en mission dans une unité de temps eschatologique : voilà toute la problématique des monothéismes fanatisants.

(…)

A cause du fondamentalisme biblique, certains ont connu une mort prématurée et d’autres sont en souffrance névrotique continue. Désireux d’obtenir à tout prix (et quel prix !) la vie éternelle, ils se résignent à se soumettre aux mots d’ordre de l’Organisation et adoptent un mode de vie conservateur et rétrograde qui me semble anti-naturel et désacralisant ! En effet ce mode de vie, qualifié de “meilleur” (la Watchtower a même édité un livre intitulé : “Comment choisir le meilleur mode de vie”) n’est que du confinement autorégulateur spiritualisant et sectaire. Pourtant la séduction opère : on n’attrape pas de mouches avec du vinaigre !

(…)

Le nombre des dépressifs avoués ou inavoués parmi les témoins de Jéhovah est impressionnant !

Petit à petit, l’adepte bien soumis s’enveloppe d’une tristesse véritable et d’une joie forcée. Il se retrouve très vite dans l’incapacité de réagir. Avec un peu de perspicacité, il n’est pas difficile de déceler chez nombre d’entre eux tous les signes d’une névrose bien enracinée. La machine dévore ses enfants.

(…)

Les élans du cœur sont rarement spontanés : les sentiments sont codifiés et mis en sourdine. D’ailleurs, pour se convaincre de la supériorité de leur croyance par rapport à celles du reste de l’humanité, ils utilisent nombre d’adjectifs et adverbes régulateurs et élitistes. Par exemple : la foi véritable, l’amour exclusif, la connaissance exacte, etc., vocables inusités en dehors de la collectivité Témoin de Jéhovah. Certes, l’amour se décline en de multiples facettes, donc avec des adjectifs, mais en soulignant “véritable et exclusif”, l’amour du prochain ne peut être compris par les Témoins que dans le cadre du prosélytisme et dans un contexte parfaitement régulé. Ceux-ci sont persuadés qu’en dehors du système Watchtower, personne n’est capable d’aimer “véritablement” et tout intérêt pour autrui est suspect. Ils se posent donc en champions de l’altruisme… et pourtant… leur flamme semble bien éteinte ! D’ailleurs, ils regardent l’altruisme des “gens du monde” avec suspicion quand ce n’est pas avec mépris et ils s’interrogent sur la nature des mobiles des gens qui se dévouent. Abject! Allez dire cela à tous ces parents responsables, aimants et dévoués auprès de leurs enfants et pourtant incroyants ! Allez dire cela à ceux qui s’activent sur le terrain difficile du social et de l’humanitaire ! A ceux qui œuvrent dans l’ombre, sans tambour ni trompette ! A ceux qui engagent toute une vie pour aider et soulager leur prochain ! Parce que ces derniers ne seraient pas baptisés Témoin de Jéhovah, ils seraient désapprouvés ? Détruits par Dieu ? ? ? La “super-race” ne manque pas d’air ! La spiritualité authentique est pourtant libre et n’attend pas d’ordre pour manifester l’Amour.

            Je tiens à préciser qu’il règne aussi dans les congrégations un état d’esprit élitiste, suspicieux, qui va au delà des différences de caractère et des affinités. Un code moral très strict régule le groupe dans une unité fraternelle apparente (largement médiatisée lors des grands rassemblements) et engendre un système de surveillance plus ou moins conscient. L’ouvrage que je cite en référence dit ceci :

“Le fanatique est la personne qui devient capable de dénoncer les membres de sa famille parce que sa cause lui paraît le justifier”.

Ainsi, chez les Témoins de Jéhovah, on dénonce aux anciens ou aînés, détenteurs du code théocratique supra-biblique, le pécheur manifeste, quitte à se passer de son amitié et de sa compagnie. Ainsi, certains renient les leurs affectivement (même s’ils continuent à leur prodiguer des soins “in-corpus” si nécessaire) pour maintenir la “pureté” de l’Organisation, les valeurs suprêmes du “christianisme” !

(…)

Je vous encourage à lire “La foi au risque de la psychanalyse” ou encore “l’Évangile au risque de la psychanalyse” de Françoise Dolto qui a bousculé quelques chrétiens et en a éclairé bien d’autres en alléguant que la foi devait se vivre comme un désir et non dans la culpabilité. Pour ce qui est de notre adepte Témoin de Jéhovah “moyen”, pas de risque qu’il s’autorise ce laxisme : pour lui, si vous péchez, c’est que vous êtes spirituellement malade, entendez : c’est que vous ne faites pas tout ce l’Organisation vous recommande expressément de faire. En cas de péché avéré, ou simplement de signes extérieurs de fléchissement spirituel, vous aurez droit à des “encouragements”. Vous recevrez alors la visite de deux anciens qui vous poseront, après quelques félicitations de principe (qui vous paraîtront un peu “tirées par les cheveux”, car auparavant on ne vous avait jamais signalé que vous possédiez telle ou telle qualité et d’ailleurs celles que l’on vous prête ne sont pas celles que vous pensez avoir, celles qui justement passent inaperçues) ce genre de questions pratiques : “pries-tu assez Jéhovah ?”, “prépares-tu bien tes études et médites-tu suffisamment dessus ?”, “t’organises-tu au mieux de tes possibilités pour la prédication ?”, “à moins que tu ne te réserves pas assez de temps pour les activités spirituelles”, “ça fait de nombreuses fois que l’on ne te voit pas à la salle du royaume”, etc. Bref, le langage est toujours celui de la culpabilité.

(…)

Les plus malheureux, à mon sens, restent les “résignés”. Habités de doutes et de profonds malaises intimes, ils vivent les affres du déchirement intérieur, de l’incertitude et de l’angoisse, entretenant ainsi une névrose qui s’inscrit dans la durée. Voici quelques formules lapidaires et laconiques qu’expriment fréquemment ces malades (“malades” ne revêt ici aucun sens péjoratif ; au contraire, je les appelle ainsi avec compassion en espérant leur libération prochaine) : “on verra bien… je fais confiance à l’Organisation”, “j’en prend et j’en laisse…”, “la vie éternelle vaut bien tous les efforts, non ?”, “je ne me sens pas toujours à l’aise, mais je crois que c’est le “véhicule”…”, “c’est l’imperfection humaine, mais je fais confiance à Jéhovah…”, “même si je ne comprends pas tout, les recommandations de l’“esclave fidèle et avisé” ne peuvent être que pour notre bien…”, etc.

            Aussi, nombreux sont ceux qui sont en proie au doute, chavirés de cœur, déçus sur le plan spirituel. Ceux-là s’effondrent sur eux-mêmes comme des étoiles en fin de vie, avec une densité morbide infinie. J’appellerai cela le “trou noir spirituel”. Dans l’univers, sur le plan cosmologique, un trou noir a une telle force de gravitation qu’il piège la lumière et altère l’espace-temps. Comprenez-vous la métaphore ? Ces chavirés de l’âme ne rayonnent plus. Ils sont, au mieux, auréolés d’une gentillesse comportementaliste, signe d’une soumission résignée et d’un immense découragement. Certains adolescents ont déjà les traits de jeunes vieux…

            Cette résignation, cette censure de l’accommodement existentiel, génèrent un “moi” dévitalisant. Combien sont-ils ces résignés, ces brebis douteuses (d’après les critères de la Watchtower) qui ne s’ouvrent plus sur le monde extérieur à l’Organisation (hormis dans le prosélytisme, qui est une pseudo-ouverture) parce qu’on leur explique que les gens du dehors, les gens de ce monde, ne sont pas fréquentables ? Brebis sans aucune reconnaissance à l’intérieur du système théocratique de l’Organisation, trop humains sans doute, en tous cas pas suffisamment achevés dans ce système fanatisant, restent là dans un indicible mal-être, englués dans un indicible miasme intellectuel. Ces personnes sont en souffrance névrotique continue. Ce sont des êtres qui hypothèquent leur vie selon les désirs de la secte dans l’espoir d’un futur radieux toujours en retard et inaccessible. Ces tièdes, ces inactifs dans le sens jéhoviste du terme n’ont parfois pas d’amis… ni même d’ennemis à part Satan le Diable, bien sûr. Voilà l’enfer véritable (l’enfer, c’est la répétition de la douleur) dans lequel un être pensant éprouve les tourments de l’anéantissement progressif, sous toutes leurs formes.

            La névrose est souvent provoquée par un essai d’adaptation manqué à des circonstances qui ne ressemblent nullement à ce que l’on est.

La haine de quelqu’un (je ne cautionne pas la haine, je prends à dessein ce travers moral pour une meilleure compréhension), c’est son rejet, ce qui décuple parfois le “sentiment d’exister” de celui qui en est victime. Mais ridiculiser quelqu’un, ne pas le prendre au sérieux, le condamner au silence et à la solitude, l’empêchant de faire évoluer ses potentialités, c’est aller plus loin que la haine : il se voit menacé du néant !

            J’ai pu moi-même croiser de ces regards vides qui sont en fait des appels au secours. Pensez-vous vraiment que l’Esprit Saint de Dieu, pour ceux qui sont croyants, repose sur une telle Organisation ?


(…)
            “Racheter le temps favorable” est une expression pseudo-biblique qui maintient l’adepte en état d’alerte permanente dans son mode de vie et en stress continu pour rester efficace dans son “ministère”. Cet état anti-naturel et aliénant génère un blocage des potentialités personnelles ainsi que la perte de la spontanéité et de la joie de vivre. Évidemment, pour la société mère américaine, la joie de vivre du “monde” n’est rien d’autre que de l’hédonisme et de l’insouciance. Mais le langage pousse plus loin la culpabilité du “tiède” : “Tu ne pries pas suffisamment…”, “Tu n’étudies pas assez les publications de la Société… Es-tu à jour dans les lectures des périodiques ?... Possèdes-tu une bibliothèque personnelle (composée uniquement des ouvrages édités par la Watchtower, bien entendu), “T’es-tu bien organisé pour participer à toutes les activités théocratiques ?…”, etc.

Ainsi, les rapports avec le divin se détériorent, se désacralisent. L’adepte, dans sa prison mentale, devient un fonctionnaire de la foi et du dogme, mais certainement pas un homme naturel et spirituel. On n’écoute plus son cœur qui bat de mal-être, sa soif de sentiments et de reconnaissance. C’est un adepte, un proclamateur, un membre, un frère voué, un outil, mais plus un homme.

(…)

            Ce matraquage incessant scinde les personnalités. Les refoulements sont tels que les Témoins de Jéhovah, généralement perçus comme gentils, agréables en société ne sont bien souvent que tout simplement amorphes ! Toute leur énergie est vampirisée et déployée pour la censure et l’autocensure : le conditionnement, le travail en parfaite soumission, et surtout la dépense dans la “sainte activité”. Aucune excentricité ou affirmation de la personnalité ne saurait être tolérée : ce serait de la rébellion !

Ces prisonniers de la souffrance qui affichent une fausse sérénité méritent qu’on les aide à sortir du bouillon de la non-existence : beaucoup sont victimes d’un système qui les dépasse alors qu’ils ont des potentialités d’amour et des qualités humaines remarquables que la Watchtower les empêche d’exprimer.

(…)

            Résumons : l’idéologie de la Watchtower crée un système névrotique (fausse paix intérieure, régulation) qui n’est apaisé que par l’idéologie Watchtower. Comme chez un drogué, il y a un phénomène de manque et d’insatisfaction si l’adepte ne se tient pas à jour dans la lecture des publications produites par la Société, s’il n’assiste pas avec régularité à toutes les réunions, s’il n’étudie pas de façon assidue tous les articles proposés par la Watchower, etc. C’est le serpent qui se mord la queue…

(…)

            “Les sentiments ne vieillissent pas, mais lorsqu’ils ne sont pas ressentis, ils nous rendent vieux avant l’âge” - Arthur Janov.

______________
Update : nouveau lien de téléchargement

4 commentaires: