24 mars 2012

"J'espère que ce sang lui transmettra une hépatite !"


En Russie, en 2002, avec nos deux filles adoptives

Lorsqu'on évoque les Témoins de Jéhovah, le chrétien moyen pense généralement à un groupe de personnes bien habillées, frappant à toutes les portes du voisinage pour vendre des livres ou le magazine Watchtower. Pour ma part, c'est plutôt à vingt-huit ans de servitude sous l'emprise de la secte que je pense. Mon grand-père est devenu membre de la Watchtower Society au tout début du XXe siècle. Mes parents demeurent des Témoins actifs ; mon père préside même sa congrégation locale.

On m'a enseigné que les Témoins de Jéhovah sont les uniques détenteurs de la vérité. C’est du quartier général de la Watchtower, à Brooklyn, New York, que les cinq  millions de fidèles sont contrôlés. J'emploie à dessein le mot «contrôle », car les Témoins de Jéhovah pensent que tout ce qui est écrit dans la Bible de Watchtower est d'essence divine, et ne peut être contesté. Ils pensent que des  anges insufflent régulièrement de la lumière à leurs dirigeants, les aidant ainsi à interpréter la Bible. Ils sont persuadés que le Watchtower est le seul agent de Dieu sur Terre. Par conséquent, ils pensent qu'en dehors de Watchtower, l'humanité n'a plus d'espoir. Ils sont persuadés qu'eux seuls sont dans le vrai, qu'ils sont les vrais chrétiens, qu'ils seront seuls à connaître la Rédemption et que tous les autres seront détruits par Jéhovah lors de la bataille d'Armageddon.

J'ai commencé à servir le Watchtower à plein temps en 1971, après avoir interrompu mes études secondaires sur les conseils de nos dirigeants, qui annonçaient la fin du monde pour 1975. À cette époque, des millions d'adeptes ont encaissé leur police d'assurance vie, abandonné leur poste, et vendu leurs biens pour passer « le peu de temps qui leur restait » à prêcher avant l'échéance fatale. En tant que « pionnier », c'est-à-dire missionnaire de la Watchtower, j'allais de porte en porte.