15 juin 2012

Le témoignage poignant d'une mère




Voici des extraits d’un discours donné lors de l’inauguration du Béthel en France, en 1997 :

"Nous vivons aujourd’hui un monde très dur et de nombreux frères sont déprimés. Et un grand nombre de nos frères avouent être très fatigués en ces jours. Ils disent même être épuisés. Beaucoup vivent leur vie comme si Dieu était là debout près d’eux avec un fouet et exigeait chaque petite part de leur énergie qui leur reste... Pourquoi penser de cette façon?... Si nous nous tournons vers Jéhovah avec foi par l’intermédiaire de Jésus pour demander pardon pour nos manquements, il est certain que Jéhovah est satisfait de nous. Il est satisfait de vous et il est satisfait de moi, simplement comme nous sommes."

Nous avons fait partie de ces frères épuisés. Le monde est dur, c’est incontestable, mais les blessures les plus profondes, les plus douloureuses ne proviennent pas du monde : elles sont générées par les sentiments d’indignité, de culpabilité, dus à cette image d’un "Dieu impitoyable qui exige de chacun jusqu’à la dernière part d’énergie qui lui reste" souvent mise en avant par l’Organisation elle-même. Est-il honnête de poser la question : "pourquoi penser de cette façon ?" quand mois après mois, année après année, des sujets culpabilisants, faisant ressortir que nous n’en faisions jamais assez, qu’il était égoïste de ne pas donner tout son temps au service de Jéhovah, que si nous manquions une réunion sans raison valable (la fatigue n’en étant pas une), nous péchions, nous manquions d’amour envers notre Créateur ?

24 mars 2012

"J'espère que ce sang lui transmettra une hépatite !"


En Russie, en 2002, avec nos deux filles adoptives

Lorsqu'on évoque les Témoins de Jéhovah, le chrétien moyen pense généralement à un groupe de personnes bien habillées, frappant à toutes les portes du voisinage pour vendre des livres ou le magazine Watchtower. Pour ma part, c'est plutôt à vingt-huit ans de servitude sous l'emprise de la secte que je pense. Mon grand-père est devenu membre de la Watchtower Society au tout début du XXe siècle. Mes parents demeurent des Témoins actifs ; mon père préside même sa congrégation locale.

On m'a enseigné que les Témoins de Jéhovah sont les uniques détenteurs de la vérité. C’est du quartier général de la Watchtower, à Brooklyn, New York, que les cinq  millions de fidèles sont contrôlés. J'emploie à dessein le mot «contrôle », car les Témoins de Jéhovah pensent que tout ce qui est écrit dans la Bible de Watchtower est d'essence divine, et ne peut être contesté. Ils pensent que des  anges insufflent régulièrement de la lumière à leurs dirigeants, les aidant ainsi à interpréter la Bible. Ils sont persuadés que le Watchtower est le seul agent de Dieu sur Terre. Par conséquent, ils pensent qu'en dehors de Watchtower, l'humanité n'a plus d'espoir. Ils sont persuadés qu'eux seuls sont dans le vrai, qu'ils sont les vrais chrétiens, qu'ils seront seuls à connaître la Rédemption et que tous les autres seront détruits par Jéhovah lors de la bataille d'Armageddon.

J'ai commencé à servir le Watchtower à plein temps en 1971, après avoir interrompu mes études secondaires sur les conseils de nos dirigeants, qui annonçaient la fin du monde pour 1975. À cette époque, des millions d'adeptes ont encaissé leur police d'assurance vie, abandonné leur poste, et vendu leurs biens pour passer « le peu de temps qui leur restait » à prêcher avant l'échéance fatale. En tant que « pionnier », c'est-à-dire missionnaire de la Watchtower, j'allais de porte en porte.

25 févr. 2012

L’aller-retour d’un fils prodigue chez les Témoins de Jéhovah


Voici un aperçu de ma petite vie, qui me paraît finalement quelque peu ordinaire. Pourquoi la raconterais-je ?

Peut-être pour expurger de mon cœur toutes les mauvaises choses qui s’y sont accumulées depuis l’enfance et qui ont rendu certains moments de mon existence insupportables, à commencer par mon éducation chez les Témoins de Jéhovah, que j’ai quittés par deux fois en une quarantaine d’années.

Ma mère orpheline de guerre 1914/18 à été élevée chez les sœurs de St C. Sa confiance en la religion a été déçue quand elle a pris connaissance des tarifs d’inscription scolaire pour ses 2 garçons. N’étant pas riche, elle a dit adieu à l’église et à ses croyances pour quelque temps.

Et puis un jour les Témoins de Jéhovah ont sonné à sa porte… voilà comment je me retrouvai à 6 ans à la salle du Royaume à écouter chaque semaine pendant des heures des discours et des explications que je ne comprenais pas et à étudier la bible , à un âge où l’on préfèrerait tout naturellement jouer avec ses petites voitures et son train électrique ou lire des bandes dessinées !

J'ai donc « grandi dans la vérité » comme disent les Témoins et j’ai été baptisé dans une baignoire au congrès de P., à 15 ans, sans trop comprendre ce qui m'arrivait ! La prédication, les petites allocutions à la tribune, ont rythmé mon adolescence jusqu’à mes 18 ans. Je me souviens de l’inquiétude qui était la mienne, la peur de la mort, d'Harmaguédon, d’avoir péché et de ne pas avoir fait suffisamment d’œuvres de prédication à la fin de chaque mois… Je pensais aussi que je ne serai pas accepté de Jéhovah au jugement dernier… Jeune homme dans la fleur de l’âge, je me suis marié à la salle du Royaume de R., certainement trop jeune et trop tôt, mais je désirais avant tout obéir aux commandements de Jéhovah en matière de chasteté.

5 févr. 2012

L'amour au Béthel (Charlie)


« Un des drames tragiques qui se produisit au siège de la Watchtower pendant mon service concerna Charles de Wilda. Charlie, comme nous l'appelions tous, avait déserté l’armée après la Première Guerre Mondiale, et en cherchant un emploi, il entra au Siège. On l'informa qu'il y avait du travail, mais que le salaire n'était que de vingt dollars par mois, logé et nourri. Il accepta cette proposition et lorsque je l'ai connu, il y avait travaillé déjà depuis plus de trente ans. Maintenant Charlie était vieux, un peu diminué mais encore travailleur. Le Président Knorr le citait souvent en exemple pour souligner le volume de travail qu'un homme pouvait accomplir. Charlie était le meilleur relieur du quatrième étage. Mais, comme tous ceux qui travaillent au Béthel, il n'avait pas le droit de se marier s'il voulait rester à Béthel. Knorr répétait souvent cette règle, et cela irritait Charlie. Toutefois, en 1952, en violation de son règlement, Knorr épousa Audrey Mock, une des sœurs du Béthel. Quelques années après le mariage, Charlie alla voir Knorr en lui disant qu'il avait violé sa propre loi et qu'il devait donner sa démission. Il ajouta: "Tu prêches la charité plus que tout le monde, mais c'est toi qui la pratiques le moins!" Le résultat de cette confrontation, c'est que l'on refusa à Charlie sa place au réfectoire, et il se retrouva relégué dans un coin éloigné. Le prétexte était qu'il avait été grossier. C'était évident qu'on le punissait. Il refusa de rester à sa nouvelle place et retourna à sa table habituelle. On lui rendit la vie tellement amère au Béthel qu'il prit ses quelques affaires et partit. Le Béthel avait été toute sa vie. Il y avait même passé ses congés. Il ne savait pas où aller ; il n'avait personne pour le recevoir mais pour lui, à l'époque, n'importe quoi était mieux que Béthel. Je le rencontrai plus tard; il dormait dans un véritable taudis à cinquante centimes la nuit. Lorsqu'il lui arrivait d'être à court d'argent, il en demandait aux ouvriers du Béthel et aux autres Témoins pour subvenir à ses repas. Je lui en donnai pour ses besoins. On fit part aux ouvriers du Béthel de ne pas lui donner de l'argent et une lettre précisant la même chose partit du siège à l'intention des congrégations du secteur. C'était pour l'obliger à revenir. J'ai entendu dire finalement que Charles de Wilda mourut sur le banc d’un jardin public. Voilà comment on récompense un homme après quarante ans de service fidèle dans "l'Organisation de Dieu" parce qu'il dénonce une anomalie évidente. Ce fut un exemple qui me révéla le peu d'amour qui existe au siège à l'égard du personnel qui y travaille. »  


- Témoignage de Willam certnar, ex-Béthélite au siège mondial